
Mon parcours professionnel m'a amené à exercer successivement
plusieurs métiers : celui de chercheur, celui de cadre dans un grand groupe
industriel et aujourd’hui celui de coach. J’ai été frappé tout au long de ce
chemin, que je poursuis, de trouver des personnes désireuses de fournir des
modèles universels. Les intentions et motivations de ces personnes étaient
variées, plus ou moins bienveillantes.
Chercheur en physique de l'atmosphère, j'ai croisé maints
collègues qui m'expliquaient qu'ils avaient enfin le modèle, celui qui
expliquait tout : le réchauffement climatique, le trou d'ozone, les problèmes
de perte des tuiles de la navette Challenger...Newton est venu, Einstein est venu,
Planck est venu, d’autres sont venus et d’autres encore viendront. Je me
résolvais donc à renoncer à une illusion de toute puissance infantile et à admettre
le côté imparfait et incomplet des modèles scientifiques. Je prenais ce qui me
convenait, en me posant en permanence la question des limites des modèles.
Dans ma deuxième vie professionnelle, celle d'industriel, j'ai
parfois été confronté à des personnalités dogmatiques : un collègue m’expliqua
un jour que son modèle technico-économique d’usine permettrait de la gérer de
manière optimale, en mesurant (aussi) le rendement et la motivation des
employés. Chouette… Un tout-en-un permettant de piloter confortablement de son
bureau avec une batterie d’indicateurs sans avoir besoin de parler aux (vraies)
gens. Un cauchemar pour ce qui me concerne !
A présent depuis quelques années dans l'univers de
l'accompagnement, je me dis que je vais, dans ce milieu plus qu’ailleurs, rencontrer
des personnes humbles, et moins en proie à la volonté de tout maîtriser, capables
de lâcher prise et d'accepter leurs limites et leur condition d’humains ne
comprenant pas tout. C’est assez souvent le cas. Je croise dans cet univers des
spécialistes de l'AT, de la PNL, de la CNV, de la Systémique,.... Par contre, lorsque certains d’entre eux tentent de me
convaincre de l'universalité de leur approche, alors je repense aux gourous
croisés précédemment dans la recherche ou l’industrie.
J'utilise dans ma pratique certains outils de l’analyse transactionnelle, de la systémique, et de la CNV, mais je n’en fais
pas une réalité absolue. Ces outils me permettent d’aider mes clients à regarder autrement certaines situations. Pour moi, un modèle est une représentation,
généralement partielle et imparfaite, de la réalité. Il s’appuie sur des
hypothèses. Lorsque le modèle est
utilisé pour enfermer, ou encore généraliser à l’excès, alors la manipulation est
proche.
Aujourd’hui, en tant que coach, je prends ce qui me
convient, en gardant à l’esprit que les modèles ont leur limites, et également
que j’ai mes propres limites.