samedi 11 juin 2016

#çavamieux

(#)çavamieux est la formule prononcée par François Hollande dans l'émission "Dialogues Citoyens", diffusée le 14 avril 2016 sur France 2.

François Hollande fait depuis le début de son mandat présidentiel un usage récurrent de la méthode Coué : le fameux #çavamieux restera très certainement une des formules marquantes de son quinquennat.

Rendons-lui justice, il n'est pas le seul homme politique à user de techniques de communication en appelant à Monsieur Coué dans des situations difficiles. D'autres dirigeants européens, comme par exemple David Cameron, ou encore Mariano Rajoy, l'ont également fait, ainsi que le souligne +Florian Silnicki.

La méthode Coué est une prophétie auto-réalisatrice : elle postule qu'il est possible d'influencer notre être inconscient par l'auto suggestion, et ainsi améliorer notre état. "Tous les jours et à tous les points de vue, je vais de mieux en mieux". Tout le monde a entendu parler de l'effet placebo, et il est vrai qu'il existe des cas, avérés, dans lesquels cela fonctionne.

Je reste néanmoins très circonspect par rapport à l'usage de la méthode Coué et ses avatars, parfois prônés par certains marchands de bonheur dans des situations et contextes qui ne s'y prêtent pas. Voici quelques illustrations des limites, de mon point de vue, de la pensée positive :

1. Vous êtes dans une situation vraiment difficile.
Certains tenants de la pensée positive pourraient vous enjoindre de voir à tout prix le(s) "côté(s) positif(s)" de votre situation; il est possible qu'il y en ait, tout comme il est possible que considérer ces aspects positifs vous aide. Face à une situation préoccupante, vous risquez pourtant de passer "à côté". Excès d'optimisme, manque de discernement sur la situation, pensée magique vous guettent. Vous courez alors le risque de choisir de mauvaises options, voire de faire preuve de passivité.

2. Vous êtes (encore) dans une situation difficile.
Quelqu'un de votre entourage vous dit "de quoi te plains-tu ?"... Violent ! Tout aussi violent, même si cela a l'air plus doux, est le fameux "ne t'inquiète pas".
Ces formules, ces "conseils", si vous les prenez à la lettre, vous conduiront peut-être à éviter d'accueillir votre émotion du moment. Vous aurez peut-être l'impression d'avoir passé l'obstacle avec succès. Pourtant, en évitant ce passage, il se peut aussi que votre émotion resurgisse de manière différée, plusieurs semaines, ou plutôt plusieurs mois voire plusieurs années plus tard, sans que vous sachiez alors faire le lien entre cette résurgence et l’événement, non pris en compte au plan émotionnel, qui en est la cause. Prendre le temps d'accueillir et d'accepter, lorsqu'elles se présentent, vos émotions, toutes vos émotions, même les émotions douloureuses, est essentiel pour votre équilibre.

3. La pensée positive serait censée vous accompagner à toutes les étapes de votre processus de changement face à une situation problématique.
Dans ce cas, il existe d'abord un réel risque de confusion entre la cause et l'effet. Surmonter une situation difficile en ayant mis en oeuvre vos ressources pour cela est un motif légitime de satisfaction, et qui produira sans doute un effet positif sur votre état. Encore faut-il laisser le temps au processus intérieur, accompagnant un changement, de se dérouler. S'enjoindre d'être positif à tout prix en brûlant les différentes étapes nécessaires pour passer un cap difficile (ce qu'Elisabeth Kübler-Ross a conceptualisé dans la célèbre et très souvent galvaudée courbe du deuil) peut être particulièrement inefficace, voire contre-productif.

Danger quand gourou
4. Vous êtes devant quelqu'un vous vantant (ou vous vendant ?) le caractère universel des techniques proposées.
"Ca marche à tous les coups, et dans toutes les situations". Quelques adeptes de la méthode, un tout petit peu plus subtils, vous expliqueront dans un premier temps, pour vous mettre en confiance, qu'il existe des situations difficiles, "mais que...". Ce "mais que..." est un message d'alerte, les gourous ne sont pas loin.

5. La  méthode est parfois proposée à des fins de culpabilisation, voire de manipulation.
Il me revient en mémoire une situation professionnelle passée, dans laquelle je dirigeais un projet complexe avec de très nombreuses interfaces, qui avait plusieurs mois de retard. Je ne trouvais pas de solution pour rattraper le retard. La phrase prononcée alors par un de mes supérieurs m'avait laissé pantois :" Si tu ne crois pas que tu peux rattraper le retard, alors comment veux-tu que les personnes du projet y croient ?" Outre le caractère culpabilisant de la phrase en question, je notais alors l'emploi du mot "croire". La résolution n'était pas pour lui dans l'action, mais dans le fait de croire.

Et vous ? Où en êtes-vous avec la méthode Coué et la pensée positive? Qu'en...pensez-vous?

jeudi 26 mai 2016

7 nuances de modes (7) locrien

Ah, le mode locrien... Un mode rejeté par la majorité des musiciens académiques. Le locrien est soigneusement évité à partir de la fin du moyen âge du fait de l'omniprésence dans ce mode du triton. Le triton existe dans d'autres modes mais n'en constitue pas l'essence, comme dans le locrien. Le triton est considéré comme "musicalement diabolique" et est délaissé durant des siècles. Wikipédia explique que l'assimilation culturelle du triton avec le diable s'est faite à partir de ce moment dans l'inconscient collectif; cette explication me paraît plausible.

Le triton, musicalement, c'est cela :



Léonard Bernstein décrit le mode locrien en ces termes : "A présent, le mode suivant, commençant par un "si", est connu sous la dénomination de mode locrien. On peut vraiment passer vite dessus, parce qu'il n'y a quasiment pas de musique écrite dans ce mode. Voyez-vous, le mode locrien et étrangement peu satisfaisant, il semble inachevé, principalement parce que l'accord tonique associé est terriblement instable...". Passer vite dessus ? Monsieur Bernstein, vous me poussez ainsi à m'y attarder, sauf le respect que je vous dois.

Les autres qualificatifs sont souvent les suivants : étrange, risqué, glauque, diabolique, irrésolu, instable, dissonant. Que de défauts pour ce mode locrien !

De fait, notre oreille éduquée aux autres modes le percevront généralement comme dissonant. Il est souvent utilisé comme "mode de transition", il est rarement utilisé comme base complète d'un morceau, à la différence des autres modes majeurs.

Certains artistes osent néanmoins le locrien, et pas uniquement d'illustres inconnus. Exemple avec Björk :


Les autres exemples que j'ai trouvés sont plus confidentiels






Je n'ai pas trouvé de morceau de musique classique entièrement écrit autour du mode locrien, mais il est utilisé de manière nette pendant près de deux minutes au début de la symphonie n°4 en la mineur de Sibelius :


Ce mode (ou ce monde ?) est un territoire musical encore peu exploré. Il est possible de continuer à le considérer comme un endroit hostile et dangereux... ou au contraire d'oser s'y aventurer, pour en découvrir le potentiel et les richesses encore inconnues.

lundi 23 mai 2016

7 nuances de modes (6) Eolien

Eolien ? Commençons par ce titre, "le vent nous portera", mélodie éolienne par le titre, mais aussi la tonalité.

Ce mode peut rappeler le dorien, duquel il diffère par la sixième note. J'ai volontairement choisi en priorité des mélodies dans lesquelles on entend nettement la "sixte" mineure, permettant de distinguer la sonorité éolienne de la sonorité dorienne, dans lequel la sixte est majeure.



Quelques autres exemples, comme ce morceau très connu de Moody blues, à écouter à partir de la seconde 20 pour bien en capter le caractère éolien


Ce "Princess of the Dawn" ne laisse pas de doute... éolien !


Ou encore cette reprise d'un tube de Metallica... éolienne !



La musique d'inspiration celtique, souvent jouée en mode dorien, peut être éolienne, comme ici



Je finis avec une petite facétie. J'ai indiqué au début de ce billet que j'avais choisi des morceaux avec une sixte mineure nette. Mes pérégrinations musicales m'amènent à proposer une exception. Voici une autre ballade celtique du même artiste, Alan Stivell, écrite en hommage au barde Glenmor. Cette ballade est délicieusement ambiguë d'un point de vue modal, car la sixte est soigneusement évitée. Ni dorien, ni éolien... ou les deux, par absence de cette fameuse sixte.









vendredi 20 mai 2016

7 nuances de modes (5) mixolydien

Voici un mode avec un nom à rallonge. Mode proche du lydien ?

Comme tous ces noms de modes ont traversé les siècles en changeant de couleur, de forme, il est assez difficile d'établir des liens de parenté durables entre eux.

Le mixolydien moderne n'est pas le mixolydien antique, ce dernier se rapprochant du mode locrien moderne, qui sera traité dans un prochain billet.




Rendons hommage à un artiste récemment disparu qui a écrit un tube au milieu des années 80, commençant en mode mixolydien



Ce mode est très répandu dans le rock, la (les) musique(s) pop et le jazz, de par sa sonorité qui rappelle celle du blues. Quelques exemples très connus sont donnés ci-dessous, il en existe des centaines.






Et ici, un autre morceau à la tonalité mixolydienne, toujours dans le registre pop/rock, moins enjoué (Say it ain't so Joe)



Ce mode se retrouve dans la musique traditionnelle écossaise (Flowers of the Forest) :



Debussy l'a également utilisé dans la "Cathédrale Engloutie", on l'entend distinctement ci-après pendant 20 secondes à partir de la deuxième minute




Ce mode présente des caractéristiques ambivalentes. D'une part, il utilise une tierce majeure. D'autre part, c'est un mode utilisant une septième mineure, note caractéristique utilisée dans le blues. Le musicien pourra donc choisir d'insister plus ou moins sur l'une ou l'autre de ces caractéristiques pour évoquer une atmosphère plutôt "majeure" ou plutôt "mineure", tout en utilisant un seul et même mode. Joli mode caméléon !
Ce caractère ambivalent explique peut-être une partie de son succès.

Le mode mixolydien serait donc une sorte d'assurance tout risque musicale; d'ailleurs, le début du générique de la série "Agence Tous Risque" est... mixolydien. MERCI Mr. T !






mardi 17 mai 2016

7 nuances de modes (4) phrygien


Tous les noms de modes ont été empruntés à la Grèce Antique. Toutefois, si les noms ont voyagé à travers les millénaires, il est acquis aujourd'hui que ce que les grecs ancien appelaient "mode phrygien" ne correspond pas à "notre" mode phrygien.

Un autre point à noter est que certains modes semblent plus typés que d'autres, de par leur usage. Il en est ainsi du mode phrygien qui évoque pour beaucoup l'Espagne.  Le "Concierto de Aranjuez", écrit par Joachin Rodrigo et revisité par Miles Davis en est une claire illustration.

Notre perception musicale résulte de conditionnements culturels et collectifs. Je suis doublement conditionné en vous parlant du mode phrygien, d'abord parce qu'il est dans mon cadre de référence vraiment typé "Espagnol", et ensuite parce que je manque totalement d'objectivité lorsque j'évoque Mile Davis !




En faisant quelques efforts pour sortir de mon propre cadre de référence, j'ai trouvé que le potentiel de ce mode était exploité dans bien d'autres univers. Chez Liszt




Chez Monsieur Glass, en version "non-violente"


Ou bien chez Monsieur Satriani, dans une optique plus "agressive"


Ainsi, le même mode serait capable d'exprimer deux postures a priori opposées. La musique métal utilise le mode phrygien pour évoquer des univers guerriers très sombres en allant quelques crans plus loin, comme ici



Ouf ! En cherchant un peu, je suis sorti d'Espagne, mais j'y retournerai bien volontiers en promenade de temps à autre.

vendredi 13 mai 2016

7 nuances de modes (3) dorien

Le premier univers qui me vient à l'esprit en écoutant ce mode est celui des chansons à la tonalité celtique. Le mode dorien est musicalement un mode qualifié de mineur (au sens de la tierce mineure). L'habituelle simplification "mineur" = "triste" versus "majeur" = "gai" est selon moi réductrice.

Si ce mode évoque parfois la nostalgie, comme ici



il peut aussi amener quelque chose de plus festif, comme là




Les Celtes ne sont pas les seuls ambassadeurs de ce mode. La musique classique n'est pas en reste :




En fait, il s'agit d'un des modes les plus utilisés, il peut de ce fait évoquer une très grande diversité d'humeurs et de sentiments.





Miles Davis et d'autres ont joué un rôle essentiel dans la diffusion auprès du public du jazz modal. Voici deux versions très différentes de "So What", un morceau joué en grande partie en dorien.

La version d'origine est ici :



Outre la tonalité, de nombreux autres éléments contribuent à ce que nous ressentons en écoutant un morceau : le choix des paroles lorsqu'il y en a, leur accentuation, comme cela a été vu ici, Le choix du tempo est également important, comme le démontre cette autre version de "So What"






jeudi 5 mai 2016

7 nuances de modes (2) lydien

Le mode lydien est un mode musical très présent dans le cinéma hollywoodien : il évoque souvent le merveilleux, le rêve, les situations irréelles.




Le thème accompagnant l'envol d'E.T., est lydien, de même que les interventions des différents instruments à vent au tout début du morceau.


On retrouve cette atmosphère lydienne dans maints génériques de films (rappelez-vous du générique des Simpson).





Le folklore d'Europe Centrale est un autre univers musical dans lequel le mode lydien est utilisé : ce mode se retrouve dans les mazurkas polonaises qui ont inspiré Chopin.

Léonard Bernstein fait une démonstration brillante et pédagogique de différentes utilisations du mode lydien.



Voici un dernier exemple traité en mode lydien.



Je m'interroge sur le lien qui pourrait exister entre le mode lydien utilisé dans cette chanson par Michaël Jackson, et "Neverland". Le mode lydien entendu ici n'est sans doute pas à lui-seul une explication valable et convaincante. Par contre, la cadence d'accords utilisée par Michaël Jackson dans ce tube (accord de degré I majeur suivi d'un accord de degré II majeur, ligne harmonique jouée en boucle) caractérise le morceau. Or c'est précisément un motif harmonique que nous retrouvons très souvent dans les références hollywoodiennes, ce qui nous renvoie au début de ce billet.
Si une telle connexion existe, alors cette utilisation du mode lydien serait une référence, consciente ou non, à un monde imaginaire, féerique, lié à l'enfance.

Cela reste une hypothèse !

dimanche 1 mai 2016

7 nuances de modes (1) ionien

Les comptines enfantines ne sont pas l'unique utilisation du mode ionien.
De célèbres compositeurs classiques ont fait usage de ce mode, par exemple Beethoven dans "l'hymne à la joie", ou Bach dans "Jésus que ma joie demeure" :



Ce mode se retrouve dans tous les styles musicaux occidentaux.
Une idée généralement admise est que le mode ionien est un mode "rond", presque parfait dans sa forme. Il est aussi très souvent associé au mot "joie", ce que confirmeraient les titres donnés à leurs œuvres par les deux illustres compositeurs sus-cités. 
Je pense que le mode ionien n’est pas intrinsèquement gai; ce caractère qui lui est attribué relève davantage d’une forme de grammaire musicale fixée par plusieurs siècles d’usage répété de ce mode majeur en l’associant justement à « gaîté, joie », tout au moins dans la culture occidentale. 

Bob Marley chante "No Woman no Cry", mélodie écrite en mode ionien :




Sting chante « I feel so lonely » sur une grille d'accords dont il reconnaît lui-même qu'il l'a empruntée à Bob Marley.


Sting a transformé la mélodie de Bob Marley en "autre chose". Les notes utilisées sont toujours assemblées en mode ionien, mais il utilise moins de notes dans la mélodie que Bob Marley; il se sert en outre essentiellement des notes complémentaires de celles utilisées par Bob Marley. Le résultat ne m'évoque pas la gaité. J'assume la subjectivité de mon avis : le lecteur pourrait m’objecter que mon ressenti est appuyé par la répétition lancinante et presque plaintive du mot "lonely" dans la chanson, ou encore par le choix du texte lui-même.


Sting parvient ainsi, sur un chemin aussi balisé que le mode ionien, à proposer un changement de perspective intéressant, d'autant plus que son approche, en forme de "négatif musical" de Bob Marley, est minimaliste.





samedi 30 avril 2016

7 nuances de modes

Le vocabulaire musical fait usage de nombreuses métaphores visuelles : il y est question de couleurs, de nuances, d'espace, de volume, de formes, de mouvement...

Qu'il s'agisse de lumière ou de sons, il existe une possibilité de représentation commune aux deux, à savoir une modélisation ondulatoire.

Ma vision du relief est médiocre : je suppose que j'ai depuis mon plus jeune âge compensé cela en développant mon ouïe, et mon intérêt pour la musique. Il est intéressant pour chacun de prendre conscience de ses préférences sensorielles : quels sens privilégie-t-il ou délaisse-t-il ? Certaines formules en apparence très banales peuvent nous en apprendre parfois beaucoup sur nous-même à ce sujet, comme par exemple la réponse suivante, en forme de question (à moins qu'il ne s'agisse d'une question posée pour ne pas avoir à répondre) : "je ne vois pas ce que tu veux dire".

Il existe une infinité de modes. 50 faisaient beaucoup. 7 modes, issus de la gamme majeure, ouvrent déjà de nombreuses perspectives. Les billets qui suivront celui-ci seront une promenade parmi ces 7 modes musicaux,

Pour en savoir plus sur les modes, je vous recommande cet article du Blog musical de Matthieu Gilot,

mercredi 27 avril 2016

Modes musicaux - les comparer

Dans l'idée d'appréhender les modes musicaux d'une manière intuitive et perceptive, il est intéressant de se livrer à deux courts exercices.

Le premier consiste à choisir un mode et à le jouer à partir de deux notes fondamentales différentes.
Voici un exemple de notes jouées en mode de do ionien :



Voici le même enchaînement relatif de notes en mode ionien joué en partant de la note sol :




Les deux modes, bien que partant de notes fondamentales différentes do et sol, "sonnent pareil". Pour qualifier cette similitude, chacun peut choisir le terme qui lui parle le plus : couleur, forme, tonalité, et pourquoi pas humeur. A titre personnel je trouve que le mot forme est approprié.

Une autre manière d'entendre un mode est de le comparer à un autre mode, joué à partir de la même note fondamentale.
Voici un mode de mi lydien :



 A présent, voici un mode de mi locrien :




Ces deux séries de notes vont toutes les deux de mi à mi, mais en empruntant des chemins distincts, et donc en créant deux formes musicales différentes.

vendredi 22 avril 2016

Modes musicaux - Introduction

La musique permet d'illustrer très concrètement la notion de changement de cadre de référence. J'ai souligné ici comment le changement d'une seule note-clé dans un morceau suffit à en modifier totalement l'atmosphère, d'autres morceaux de choix se trouvent sur le site d'Oleg Berg MajorvsMinor.

J’entame avec cet article une série de billets traitant des modes musicaux.

Pour commencer, plutôt que de me lancer dans de longues explications sur les gammes, les modes, et les écarts entre notes, je fais appel à l'enfant qui sommeille en chacun de vous. Je vous propose une approche des modes intuitive et basée sur le jeu. Je vous invite à vous placer devant un clavier musical, soit chez vous, soit sur ce site si vous n'en avez pas, et de ne vous intéresser qu'aux seules touches blanches. Choisissez une touche blanche sur le clavier, celle qui vous attire. A partir de cette touche de référence, appuyez sur 7 touches blanches successives en allant de gauche à droite : ce faisant, vous venez de jouer l'un des sept modes majeurs.

Le premier mode majeur est obtenu en commençant par un do, qui se reconnait sur un clavier par le fait qu'il est immédiatement précédé d'une autre touche blanche, et suivi par trois touches blanches encadrant deux touches noires. En choisissant do comme référence, et en jouant do, ré, mi, fa, sol, la, si, do, vous obtenez une couleur modale très familière aux oreilles occidentales. Les musiciens appellent cette couleur le mode "ionien" :



Cette couleur est celle qu'on retrouve dans de nombreuses comptines enfantines, par exemple "Frère Jacques", ou encore "Au Clair De La Lune". On peut facilement jouer "Au Clair De La Lune" sur le clavier en enchaînant les 4 courtes phrases musicales suivantes :
1. do do do ré mi... ré... do mi ré ré do
2. do do do ré mi... ré... do mi ré ré do
3. ré ré ré ré la... la... ré do si la sol
4. do do do ré mi... ré... do mi ré ré do

Si vous choisissez de jouer les mêmes types d'enchaînements de touches blanches, en commençant ailleurs qu'en do sur le clavier, vous jouerez quelque-chose qui sonnera plus ou moins comme Au Clair De La Lune, mais avec des passages qui vous sembleront, selon votre perception musicale, étranges, ou dissonants, ou faux, ou bien agréables... A vous de choisir le qualificatif qui vous convient ! Vous pouvez ainsi chercher quel est la (ou les) couleur's) qui vous inspire(nt) pour Au Clair De La Lune, en explorant les 7 modes majeurs.

Outre le mode ionien, il existe un autre mode majeur permettant de restituer fidèlement la mélodie d'Au Clair De La Lune : c'est le mode lydien, obtenu en choisissant fa comme référence sur notre piano à touches blanches. Au Clair De La Lune répond aussi à ce mode car la seule différence entre le mode ionien et le mode lydien est la hauteur de la quatrième note du mode, la quarte; or cette quarte est la seule note qui n'est jamais utilisée dans Au Clair De La Lune.

Un générique très connu use et abuse de l'utilisation de la "quarte augmentée" du mode lydien, en transposant la mélodie dans différentes gammes, mais en restant toujours dans le mode lydien : il s'agit du générique du dessin animé "Les Simpson".





jeudi 21 avril 2016

Plagiats

De qui est cette citation ? "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait".
J'ai en tête  qu'il s'agit d'une citation de Marc Twain.

En faisant quelques recherches (vive internet), j'ai trouvé une phrase attribuée à Churchill : "Tout le monde savait que c'était impossible à faire, puis un jour quelqu'un est arrivé qui ne le savait pas, et il l'a fait".

En évoquant cette phrase avec un proche, ce dernier m'a affirmé: "Mais pas du tout, c'est Marcel Pagnol qui a dit cela !"
En fait, voici la phrase à laquelle il pensait, attribuée à Marcel Pagnol : "Tout le monde savait que c'était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l'a fait."

Ce qui est remarquable, c'est que ces différentes phrases se ressemblent beaucoup, mais en les comparant entre elles il apparaît de subtiles nuances qui permettent de multiples interprétations et digressions, par exemple : "Et si ne pas savoir n'était pas l'apanage des imbéciles ? Ne pas savoir est-il synonyme d'ouverture des possibles ? Quelles limites nous posons-nous à nous-mêmes en cherchant à tout expliquer ou comprendre ?" Cela ouvre le champ de la sérendipité.

Je me suis amusé d'une phrase prononcée par Laurent Fabius en clôturant la COP21 d'un coup de marteau sec et vert : "C'est un petit marteau, mais je pense qu'il peut faire de grandes choses !"
Barack Obama n'a pas, à ma connaissance, protesté quant à l'usage de cette formule qui ressemble à la phrase prononcée par Neil Amstrong au moment de poser le pied sur la lune. En écrivant ce billet, j'en arrive à douter du fait que Neil Amstrong soit réellement l'auteur de la célèbre formule à laquelle je fais allusion.

Et pour finir, je rapporte un procédé qui peut être utilisé par les "plagieurs" en herbe, c'est le plagiat par anticipation : la technique consiste à accuser de plagiat la personne qui a utilisé la formule avant vous ! J'informe les lecteurs que j'ai d'ailleurs moi-même pioché cette idée dans Wikipédia.

Je m'attends donc à ce qu'il existe quelque part un papier (que j'ignore) qui aurait copié le contenu de mon billet.

samedi 16 avril 2016

Synergologie pour décrypter le non-verbal ?

J'ai récemment visionné une vidéo dans laquelle Manuel Valls répond à une intervention de Marion Maréchal Le Pen à l’assemblée nationale, Sur cette vidéo, le tremblement de sa main gauche est spectaculaire.

J’ai relevé quelques propositions d'explications avancées par un coach se réclamant de la synergologie, dans cet article : 

Que pensez-vous des tremblements dont Manuel Valls a été victime à l’Assemblée ?
«…la main qui tremble est la main gauche, celle de la spontanéité et de l’émotion. C’est d’ailleurs, sa main droite, celle qui explique et qui argumente, qui tente de contenir les tremblements ».

Je suis gaucher. Au tremblement de quelle main dois-je me fier pour savoir si c’est mon émotion qui s’exprime ? Et avec quelle main dois-je argumenter si je veux être crédible, du point de vue d’un synergologue ?

Qu’est-ce qui l’a affecté ?
« C’est assez difficile à dire. Je constate toutefois qu’il a marqué un temps d’arrêt quand Marion Maréchal-Le Pen a évoqué son "mépris crétin". A ce moment-là, le Premier ministre ne cligne plus des yeux, il n’enregistre plus les informations ».

Je ne sais pas s'il existe un lien entre le fait d’arrêter de cligner des yeux et le fait d’enregistrer (ou pas) des informations. Je vous conseille toutefois en entretien avec un recruteur ayant été formé à la synergologie de ne pas arrêter de cligner des yeux, sinon, vous courez le risque que votre interlocuteur interprète cela comme le signe que vous n’enregistrez plus les informations qu’il vous donne. Je me permets en outre de vous proposer une option : si vous savez que le recruteur que vous avez en face de vous utilise la synergologie, vous pouvez aussi postuler ailleurs.

Que notez-vous d’autre dans l’attitude de Manuel Valls ?
« Je remarque que sa bouche est inversée même quand il sourit. Chez Manuel Valls c’est quelque chose qui lui est propre et figé dans sa morphologie, et cela révèle une personnalité éprise de principes, ferme, voire rigide dans ses convictions ».

Restons éveillés... une pseudo-science, la synergologie, qui référence une autre pseudo-science, la morphopsychologie, nous voilà sur du lourd !

« Je constate également que sa paupière droite est plus basse que la gauche. C’est un signe d’épuisement professionnel », puis, un peu plus loin : « là, ce relâchement au niveau de l’œil droit révèle une fatigue liée au bureau, aux dossiers qui y sont traités ».

Cette dernière phrase a achevé de me convaincre de chercher des références traitant de manière sérieuse et argumentée la question. Je recommande la lecture de cet article écrit par Pascal Lardellier.

Le non-verbal, ça existe. Tenter de décoder le non-verbal, c’est possible, à condition de ne pas tomber dans la généralisation simpliste, caricaturale et à portée universelle. Le contexte du moment, la culture, l'environnement, l'état de la personne qui émet le signal, la position de chacun dans la relation, la relation elle-même, des allers-retours permanents entre ce qui est dit, la manière dont c'est dit, et ce qui est exprimé en non verbal, sont autant de repères essentiels pour peut-être comprendre la signification profonde du signal. 

Méfions-nous des contrefaçons et des marchands de solutions toutes-faites en matière de décodage des signaux non-verbaux.

jeudi 14 avril 2016

La tierce détournée




Certaines notes définissent de manière essentielle la tonalité d’un morceau. Il en est ainsi de la fameuse « tierce », qui donne la couleur majeure ou mineure à un accord, ou une mélodie. Un musicien ukrainien, Oleg Berg, a créé un projet de musique expérimentale dans lequel il transforme des morceaux de musique écrits en mode majeur en mode mineur, et vice versa. Une seule note change, et tout est chamboulé... Le résultat est étonnant !






L'expérience se passe ici.

A présent, sur quelle « tierce » de votre vie avez-vous envie d’agir ?




mardi 12 avril 2016

Qu'est-ce que voir ?

Je n'ai pas la prétention de donner LA réponse à cette question.
Quelques exemples qui m'ont interpellé hier illustrent le propos et montrent qu'il y a sans doute bien des réponses possibles.

Par exemple, en regardant ceci (je cite Laurent "exit from Lilliput", merci à toi) :



Ou bien en regardant cela (merci Sylvaine) :






dimanche 10 avril 2016

Un blog, oui... pour parler de quoi ?

Lorsque j’ai initié ce blog, j'avais comme intention de rendre publiques mes réflexions de coach fraîchement certifié. Je pensais que ce blog serait un blog de «coaching», de «communication», de «management».
En reprenant en 2016 l’écriture de billets sur ce blog, j’ai identifié un paradoxe : en tant que coach, je propose à mes clients des modifications de leur cadre, afin qu'émergent pour eux de nouvelles possibilités.... il est amusant de constater que je me suis appliqué, au démarrage de ce blog, l'inverse de ce que je propose à mes clients !
Conclusion : il est tout à fait possible que je traite encore de coaching, de management et de communication à l'avenir sur ce blog, comme il est également tout à fait probable que j'y parlerai de bien d'autres sujets.

vendredi 8 avril 2016

Temps et Contretemps

Le contretemps est perçu de manière négative dans de nombreux contextes : par exemple, dans votre vie, votre travail, un évènement imprévu se produit et empêche votre projet de se réaliser : c’est alors pour vous un problème, une source de blocage, quelque chose qui vous empêche d’avancer. Un autre exemple : dans une conversation, vous émettez une idée qui tombe à plat, votre intervention provoque peut-être même la consternation de votre auditoire.

Le contretemps serait donc quelque chose d’irrémédiablement négatif, inutile, handicapant, voire nuisible ?


En musique, le contretemps est une rupture rythmique, aujourd'hui couramment utilisée, acceptée, et même théorisée. En jazz, ainsi que dans de nombreux genres musicaux, l’utilisation éclairée du contretemps donne naissance au swing. Le swing est recherché, un bon swing devient une signature personnelle, la signature des « grands ». Le contretemps maîtrisé n’est pas un problème, mais au contraire une source très riche de création musicale.

Et pourtant… cela n’a pas toujours été ainsi. Pensez-vous qu’un ménestrel ou un troubadour qui aurait joué du Duke Ellington à la cour du roi aurait pu durer, voire même exister ?
Le paradoxe apparent de cette métaphore musicale nous rappelle que savoir remettre en question la norme du temps programmé pourrait aider à remettre les pendules à l’heure.

Alors ? Quel contretemps réussi osez-vous aujourd’hui mettre en œuvre dans votre vie, votre famille, dans votre travail, pour créer votre propre musique, et qu’elle devienne une source d’inspiration pour vous et votre entourage ?