jeudi 12 décembre 2013

Managers, ne faites pas comme Zorro ! ... Impulsez le changement efficacement


En lisant cet article écrit par +Eric Delavallée parlant de l'effet marathon dans la conduite du changement, sur lequel +Sylvaine Pascual a attiré mon attention ce matin, j'ai eu envie d'illustrer cet effet par une image, celle de Zorro, signant d'un geste auguste de l'épée le costume du Sergent Garcia.

Maintenant... Managers, faisons un parallèle entre le tracé de la lettre Z et votre volonté d'impulser le changement en entraînant efficacement vos collaborateurs. Vous tracez donc le haut de la lettre, de gauche à droite : "C'est par là, et d'ailleurs, j'y suis déjà, voyez comme mon idée est bonne !". Puis vous vous souvenez que vous avez besoin d'entraîner votre équipe avec vous, alors vous vous dites : "Où sont-ils ? Ils sont encore en bas, à gauche, je vais les chercher". Vous tracez donc une superbe ligne oblique avec votre belle épée de manager, puis vous vous dites : "pas difficile, je leur montre la voie", en traçant la partie basse du Z, en allant de nouveau de gauche à droite. Et là, vous vous dites : "ils ne veulent pas me suivre, mes collaborateurs sont vraiment très résistants au changement". Vous avez peut-être oublié un détail : si le chemin qui va de gauche à droite vous a pris 6 mois de réflexion, et que vous n'avez pas un tant soit peu associé ou au moins préparé votre équipe à ce qui allait se passer, pourquoi vos collaborateurs vous suivraient-ils dans l'instant ?

La question que devrait toujours se poser un manager lorsqu'il impulse un changement, c'est celle de sa responsabilité dans la résistance de ses équipes au changement, pour ne pas ensuite devoir jouer les Zorros !

dimanche 8 décembre 2013

Communication paradoxale


Communication paradoxale visuelle
La communication paradoxale a été entre autres modélisée par l'école de Palo-Alto à travers le concept de double contrainte.

Les cas de communication paradoxale sont multiples, en voici deux illustrations :
- le message verbal et le message non-verbal sont en opposition. L'émetteur du message dit oui tout en faisant un signe de tête négatif,
- La demande impossible à satisfaire : "J'aimerais que tu me fasses un cadeau, mais je voudrais que ce soit toi qui décides de me l'offrir et non pas que tu me l'offres parce que je te l'ai demandé". Le piège est prêt à se refermer sur celui qui accepte une telle demande : s'il achète le cadeau, il manquera de spontanéité, et s'il n'en achète pas, il ne répondra pas à la demande.

Le paradoxe du Crétois me fournit une occasion d'illustrer une manière parmi d'autres pour échapper au piège de la communication paradoxale, par un recadrage de sens, ainsi que le propose Paul Watzlawick.

Epinémide le Crétois dit : "Tous les Crétois sont des menteurs".
- S'il dit vrai, alors il ment puisqu'il est Crétois, donc sa phrase ne peut être vraie;
- si au contraire il ment en disant cela, alors il existe au moins un Crétois qui dit la vérité, donc son assertion est vraie et il ne ment pas.

Tant que cette phrase est lue en lui attribuant un caractère de vérité absolue et intemporelle, il semble ne pas y avoir d'issue. En introduisant la notion de temps, il devient possible de modifier le contexte, ce qui permet de donner un autre sens à la phrase, par exemple : "Les Crétois ont toujours menti par le passé", ce qui ne signifie pas nécessairement qu'Epinémide soit en train de mentir au moment où il prononce cette phrase. Dès lors, il apparaît une issue au paradoxe.

Il peut être difficile d'échapper au piège lorsqu'il prend des formes insidieuses. La première nécessité est de prendre conscience du fait qu'on est dans un piège. Dès lors que cette prise de conscience existe, alors le recadrage de sens est une possibilité à envisager pour en sortir.

Et vous, comment vous y prendriez-vous pour déjouer le piège de la communication paradoxale ?

jeudi 5 décembre 2013

Universalité des modèles : le Graal des physiciens... et des gourous !


Mon parcours professionnel m'a amené à exercer successivement plusieurs métiers : celui de chercheur, celui de cadre dans un grand groupe industriel et aujourd’hui celui de coach. J’ai été frappé tout au long de ce chemin, que je poursuis, de trouver des personnes désireuses de fournir des modèles universels. Les intentions et motivations de ces personnes étaient variées, plus ou moins bienveillantes.

Chercheur en physique de l'atmosphère, j'ai croisé maints collègues qui m'expliquaient qu'ils avaient enfin le modèle, celui qui expliquait tout : le réchauffement climatique, le trou d'ozone, les problèmes de perte des tuiles de la navette Challenger...Newton est venu, Einstein est venu, Planck est venu, d’autres sont venus et d’autres encore viendront. Je me résolvais donc à renoncer à une illusion de toute puissance infantile et à admettre le côté imparfait et incomplet des modèles scientifiques. Je prenais ce qui me convenait, en me posant en permanence la question des limites des modèles.

Dans ma deuxième vie professionnelle, celle d'industriel, j'ai parfois été confronté à des personnalités dogmatiques : un collègue m’expliqua un jour que son modèle technico-économique d’usine permettrait de la gérer de manière optimale, en mesurant (aussi) le rendement et la motivation des employés. Chouette… Un tout-en-un permettant de piloter confortablement de son bureau avec une batterie d’indicateurs sans avoir besoin de parler aux (vraies) gens. Un cauchemar pour ce qui me concerne !

A présent depuis quelques années dans l'univers de l'accompagnement, je me dis que je vais, dans ce milieu plus qu’ailleurs, rencontrer des personnes humbles, et moins en proie à la volonté de tout maîtriser, capables de lâcher prise et d'accepter leurs limites et leur condition d’humains ne comprenant pas tout. C’est assez souvent le cas. Je croise dans cet univers des spécialistes de l'AT, de la PNL, de la CNV, de la Systémique,.... Par contre, lorsque certains d’entre eux tentent de me convaincre de l'universalité de leur approche, alors je repense aux gourous croisés précédemment dans la recherche ou l’industrie.

J'utilise dans ma pratique certains outils de l’analyse transactionnelle, de la systémique, et de la CNV, mais je n’en fais pas une réalité absolue. Ces outils me permettent d’aider mes clients à regarder autrement certaines situations. Pour moi, un modèle est une représentation, généralement partielle et imparfaite, de la réalité. Il s’appuie sur des hypothèses. Lorsque le modèle est utilisé pour enfermer, ou encore généraliser à l’excès, alors la manipulation est proche.

Aujourd’hui, en tant que coach, je prends ce qui me convient, en gardant à l’esprit que les modèles ont leur limites, et également que j’ai mes propres limites.